ELECTION PRESIDENTIELLE
EN AVANT ... DOUTE !
Le Paradoxe est une chose qui heurte
le bon sens. C’est un contresens, une absurdité. Et, paradoxalement, cette
singularité est devenue pour nous une chose normale à force de la trouver et de
la vivre partout, dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Qu’en en juge
par les choses suivantes et leurs contraires :
- On parle de progrès et de
réalisations ultramodernes dans les postes et télécommunications alors qu’une
lettre met encore aujourd’hui dix jours pour couvrir une distance de 50 km ;
une tortue, elle, mettrait huit jours pour parcourir le même trajet.
- On inonde le marché d’articles
inutiles importés alors que les produits de première nécessité... Autrement
dit, on baigne dans le superflu et on nage dans le « superflou ».
- On avance des statistiques
généreuses pour convaincre que notre système éducatif est une réussite totale.
Or, le niveau de l’écolier continue de baisser à cause de l’école liée.
- On déclame avec un orgueil démesuré
que notre pays aux mille et une facettes, avec ses 1200 km de côtes, son
Sahara, ses montagnes, ses forêts, son soleil... est une aubaine en matière de tourisme.
Or, la vue de ces paysages abandonnés réveille en nous une douleur qu’on peut
appeler crise de « la peine des
sites ».
- On explique que pour sortir du
sous-développement, il faut que l’objectivité, la transparence et la compétence
l’emportent sur la subjectivité, la fausseté et l’incapacité, c’est-à-dire qu’il
faut mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Or, lorsqu’on se rend à
la place, on ne trouve pas l’homme ; et lorsqu’on trouve l’homme, on s’aperçoit
qu’il n’est pas à sa place.
- On assure que les problèmes
concernant le travail et l’agriculture qui sont les premières richesses d’un
pays sont une préoccupation de tous les instants des instances. Or, le chômage
est partout, et partout il n’y a pas de chaumage.
- On prétend que la prise en charge
des malades et la lutte contre les maladies sont une priorité permanente. Or,
la typhoïde, le choléra, la tuberculose etc. - maladies moyenâgeuses – complètement
éradiquées dans le monde, ont trouvé chez nous un terrain favorable pour réapparaître
et faire des ravages. Ainsi, ces troubles pathologiques sont devenues ici des
maladies « pas trop logiques ».
- On annonce que l’avalanche des
augmentations des prix n’aura qu’une incidence toute relative sur le pouvoir d’achat
des citoyens, et que les travailleurs verront bientôt leurs situations
financières améliorées. Or, ces derniers – bien derniers – asphyxiés par le col
très serré de leur « chemise
budgétaire » constatent, au contraire, que leur salaire diminue et que
le sale air augmente.
- On s’enorgueillit d’avoir réussi un
taux d’électrification dépassant les prévisions, que le village le plus reculé
reçoit le précieux jus qui est synonyme de bien-être, de progrès. Or, les
pannes d’électricité sont devenues presque rituelles, les désagréments qui en
résultent sont devenus un phénomène courant
qui fait péter les plombs de l’usager. Et chaque fois que celui-ci disjoncte, il
est pris dans une sarabande de va-et-vient sans trouver le fil conducteur qui arrêtera
son long circuit.
- On déclare que tous les moyens
humains et matériels sont mis en œuvre pour permettre au sport de prendre son
envol, et de donner à la jeunesse l’occasion d’extérioriser ses prédispositions
et d’étaler ses performances. Or, les règles du « je » n’ont pas changé, la réalité n’a
pas encore dépassé la friction.
- On affirme que la culture, ensembles
des connaissances qui permettent de développer le sens critique, le goût, le
jugement, est une source qu’il faut soutenir et promouvoir pour garantir les
développements intellectuel et économique. Or, dans les salles sales sombres,
on fait du ciné mat ; dans les théâtres en pièces, on joue des comédies à
sans acte ; dans les librairies et dans les bibliothèques vides, à la
place de la lecture on est pris par un besoin de l’ire.
Le champ des contradictions est vaste,
à vous de compléter la liste. Mais que faut-il faire pour changer tout cela ?
A notre avis, il faudrait que la bonne voie l’emporte sur la mauvaise voix, l’écrit
sur les cris, la connaissance sur les « connaissances », la conduite toujours à droite sur la conduite
à gauche même adroite.