MOUSSAOUER Athmane


 ou l'âme d'un poète


Fils de Kherrata et de Djermouna, Athmane se souvient de ce matin du mois d'avril 1965, jour de son départ vers un exil volontaire qui le mènera de l'autre côté de la Méditerranée, en terre française où il élira domicile. Il avait dix-sept ans. Pour tout bagage, il possédait un stylo bic et un bloc-notes Rhodia.

Il se souvient de ses deux mères comme il dit : la Mère et la Patrie. Celle qui lui a donné la vie, et sa région natale, celle qui a donné un sens à son existence. Ce fut la première fois que le fils quittait sa mère biologique pour une destination lointaine, et pour une durée incertaine. La brusque séparation du garçon et de sa maman a inspiré à l'adolescent un poème écrit en kabyle, et qui sera chanté par Idless Abdel.

Plus tard, Athmane écrira une chanson en hommage à tous les pères de ce monde.


 


Yemma       /    Ma mère

Laisse-moi partir, ma chère mère
Laisse-moi partir, du fond du cœur
C'est à mon tour de m'exiler
Grâce à Dieu, ta misère sera soulagée
Je pars contre mon gré
Courage, maman, c'est la destinée.

Ô ma mère, mon cœur et mon foie sont oppressés
Des larmes de mes yeux ont coulé
Tout en moi est troublé
Je sais d'où me vient cette souffrance
Car, toi et papa, je dois vous quitter.

J'ai mis un pied devant l'autre
Je voulais hâter le pas
Mon chemin s'est assombri
Nul signe de clarté
La nostalgie m'a envahi
La lune dans le ciel s'est attristée.

Au-dessus des nuages je me suis envolé
J'ai déplié mes ailes de faucon et j'ai plané
Au milieu des plus beaux jardins de Paris,
Ce soir, je vais me poser, si Dieu le permet.
À la fête de l'Aïd, je te le promets,
Je serai revenu et, à nouveau réunis,
notre joie sera embellie
d'ambre et de henné.





10/02/2009
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