GREVE DES ETUDIANTS : 19 MAI 1956
Le mouvement a été
préparé dès le début des années 1950
L’encadrement de la
grève historique des étudiants du 19 mai 1956 a été assuré par le mouvement de
libération national bien avant le déclenchement de la guerre de libération.
C’est ce qu’a indiqué Abderrezak Bouhara, lors du forum d’El Moudjahid
Cette anticipation s’est vérifiée dès 1953, à Constantine, quand une action
d’organisation a été menée par un groupe d’étudiants, entre autres Belaïd
Abdeslam et Hihi Mekki, principal animateur, «qui s’est distingué lors de l’assemblée générale constitutive de
l’association l’Essor estudiantin», a affirmé le conférencier, lui-même
témoin et participant à la préparation de la grève des étudiants.
Les surveillants des
lycées ont chapeauté l’opération. Des réunions de sensibilisation des étudiants
et des lycéens ont eu lieu pour une prise de conscience. En novembre 1954, date
du déclenchement de la guerre, le climat était déjà préparé, d’ailleurs, dira
l’orateur, beaucoup d’étudiants et de lycéens ont rejoint le maquis avant même
l’annonce de la grève. Et certains sont tombés au champ d’honneur comme
Abdelhak Kouicem, Slimane Fredja, Ali Mekki. Puis vint le 20 août 1955 qui a
énormément secoué les consciences, marquant un tournant décisif dans l’histoire
de la guerre de libération.
«Des jeunes, chacun selon ses compétences et ses capacités,
ont mené une lutte acharnée pour la libération du pays. On suivait de près ce
qui se passait dans le monde, ce qui a participé à élever notre niveau de
conscience», indique
M. Bouhara.
Abasourdis par le
nombre des lycéens qui prenaient le maquis, les colonisateurs français ont été
contraints de diriger une propagande auprès des familles les incitant à
interdire à leurs enfants de monter au maquis «parce qu’ils seront tués par les fellagas».
Une ruse qui a échoué à l’évidence. Le conférencier n’a pas tu les problèmes et
autres difficultés qu’ont connu les intellectuels «mais pour des raisons liées à leur position politique»,
précise-t-il.
Djelloul Melaïka a également mis en exergue le nationalisme qui habitait
l'ensemble du peuple algérien, face à une France coloniale qui pratiquait à
l'encontre des Algériens une politique faite «d'expropriation des biens, de colonisation des terres et de maintien du
peuple algérien dans l'ignorance».
Mme Zoulikha
Benkaddour, qui a obtenu son baccalauréat en 1953 à Tlemcen, a, quant à elle,
parlé de son expérience personnelle, notamment, lors de la fondation de l'UGEMA
et le moment de sa montée au maquis en 1956.
Le 19 mai 1956, soit
dix mois après la création de l'UGEMA, les dirigeants de cette organisation
lançaient un appel à la grève générale adressé à leurs camarades inscrits à
l'université d'Alger et dans d'autres universités en France et dans les pays
arabes, mais aussi aux lycéens et collégiens algériens. Et c'est par centaines
que les universitaires algériens répondaient à l'appel du devoir, rejoints par
des lycéens dans les maquis aux côtés des djounoud de l'ALN, pour lutter contre
l'ordre colonial avec pour objectif l'indépendance nationale.
« Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas
de meilleurs cadavres. A quoi donc serviraient ces diplômes qu'on continue à
nous offrir pendant que nos mères, nos épouses, nos sœurs sont violées, pendant
que nos enfants, nos vieillards tombent sous les mitrailles, les bombes du
napalm ? Et nous «les cadres de demain», on nous offre d'encadrer quoi ?
d'encadrer qui ?
Les ruines et les monceaux de cadavres », s'interrogeaient les
rédacteurs de l'appel.