NOUVEL AN BERBERE
Yennayer : Origines et Rites
Que signifie Yennayer
Etymologiquement, le mot Yennayer est formé
de « YEN » qui veut dire premier et de « AYER » qui veut
dire mois. Yennayer est donc le premier mois de l’année dans le calendrier
amazigh. Amenzou n’yennayer, le jour de l’an amazigh coïncide avec le 12
janvier du calendrier grégorien.
Mais quel est l’origine du
calendrier amazigh ?
Aujourd’hui, nous sommes en 2959. L’an I amazigh
remonte donc à 950 avant J.C.
C’est le roi Chachnaq qui, après avoir conquis le
delta du Nil, fonda la vingt-deuxième dynastie pharaonique. Une première ba taille, une victoire grandiose.
Yennayer est fêté avec ferveur dans toute Tamazgha, là où vivent encore des Berbères. De l’oasis de Siwa en Égypte jusqu’aux iles Canaries dans l’Atlantique, de Ghadamès, en Libye, jusqu’à Tlemcen dans l’Ouest algérien, des hautes terres Chaouias aux oasis mozabites, dans le Rif marocain, sur les côtes tunisiennes et surtout en Kabylie.
Comment fête-t-on Yennayer dans
Tamazgha?
Yennayer est fêté selon les caractéristiques de la
région et la tradition de ses habitants, mais l’objectif est le même :
C’est la fête présageant d’une nouvelle année féconde.
Dans la région de Ghadamès, en Libye, Yennayer est
le jour des enfants. Ils y donnent libre cours à leur imagination pour jouer
des tours aux adultes, une sorte de premier avril.
Tout le village est regroupé autour d’un méchoui en
plein air.
Au Maroc, il y a des régions où l’on tient
absolument à ce que les plats du jour comportent sept légumes. Tout ce qui est
vieux et usé dans l’habitation est changé, et il est de coutume de remplacer
les pierres du foyer de la cheminée. C’est aussi l’occasion de faire le point
et d’achever tous les travaux entrepris auparavant.
Dans les Aurès, les Chaouis créent une ambiance de
joie et d’amusement, procèdent à un nettoyage méticuleux des maisons, au
changement d’ »iniyen » (pierres du kanoun) et préparent
l’ « iranen » (plat de grains de blé ou de mais cuits dans du bouillon
avec des févettes, de la graisse, du sel et du fromage. La tradition veut
également que tout ouvrage commencé, tel que le tissage, soit terminé ce
jour-là.
Dans l’Ahaggar, les Touaregs commencent à fêter
Yennayer une semaine avant le 12 janvier. Pour cette occasion, on met ses plus
habits et on se pare de ses plus beaux bijoux, on chante, on danse autour de
plats cuisinés tels que : kasbasu (couscous), taggala (pain), talbagat
(viande hâchée), aghaghe (jus).
Dans la région d’Oran (Wahran), la famille se
réunit et un banquet est organisé.
En Kabylie, la célébration se fait à travers des
rituels, des sacrifices et des plats particuliers. En pleine saison de
cueillettes des olives, le travail est arrêté. Les maisons sont nettoyées de
fond en comble, repeintes, décorées et ouvertes aux convives.
Dans certains villages, c’est aussi la première
coupe de cheveux pour les garçons. L’homme le plus vieux se charge de la
besogne.
« Le petit vivra, souhaite-t-on
ainsi, aussi longtemps que ce vieux
coiffeur de la circonstance ! ».
Une seule pratique est partagée par les citoyens de toutes les contrées : il s’agit du réveillon du 31 Boudjember, dernier jour de l’an qui s’achève.
Le rituel est, à quelques détails près, identique
pour tous. Il consiste en un repas familial précédé d’un rite sacrificiel
symbolique dont la portée est de protéger la famille du mauvais sort durant
toute l’année qui arrive. On se doit de sacrifier un coq fermier. La famille
élargie, parfois tout le clan, se retrouve autour d’un couscous au poulet
fermier agrémenté de morceaux de viande séchée ((acedluh). On se gave toute la
soirée de friandises et de fruits secs gardés pour la circonstance. Des
grenades, des figues, des dattes, des raisins, des pruneaux sont sortis des
jarres de terre cuite et des amphores bien dissimulées da ns l’architecture des maisons berbères,
notamment dans la soupente (tissi) qui prolonge la grange (adaynin).
Certains adultes sont chargés, toute la soirée,
d’expliquer aux enfants l’histoire de yennayer pour cultiver la mémoire et perpétuer
la culture. La commémoration est donc à la même date, avec des pratiques
différentes d’une région à l’autre, d’un pays à l’autre, selon les traditions
et le mode de vie spécifiques.
Une manière comme une autre de transmettre nos us
et coutumes et de ne pas oublier nos racines.
Assegas Amegas !