59° ANNIVERSAIRE DU DECLENCHEMENT DE LA REVOLUTION ALGERIENNE
HAMMA (HEMAT) Salah :
UN ENFANT DANS LA GUERRE
(SOUK-EL-TENINE-BEJAIA)
LA PRISE DE CONSCIENCE
Quand la guerre de Libération éclata en novembre 1954, je marchais sur mes sept ans ; et je m’apprêtais à vivre ma première année de scolarité. En descendant le chemin qui menait au village et à l’école, je découvris avec étonnement un environnement nouveau, si amplifié et si curieux que j’avais l’impression de m’être exilé dans un autre pays. Il faut dire qu’ayant toujours habité au pied de Sidi Djaber Nandji - le mont le plus élevé de cette chaîne de montagne surplombant Souk-El-Ténine – mon monde à moi se limitait à cette lointaine contrée et se confondait avec le paysage alentour.
Malgré une angoisse irraisonnée qui étreignait mon cœur, ma première journée d’étude se déroula convenablement. Je me souviens cependant que, dans la cour, n’arrivant pas à renouer les lacets de ma chaussure neuve, la maîtresse vint m’aider, puis me prendre la main pour me conduire en classe. A ce moment précis, je ressentis une tendre inclination pour cette institutrice que je voyais pour la première fois ; il me semblait même qu’elle faisait partie de ma famille.
Les jours suivants, dans la région, un certain manège inhabituel attira mon Attention de gosse : les adultes, dont mon père, se réunissaient souvent tantôt chez les uns, tantôt chez les autres parfois dehors, élevés sur un monticule protégé par ces arbustes qu’on appelle les lentisques (thidekhth) en kabyle. Ces rencontres se déroulaient discrètement et faisaient l’objet d’une surveillance attentive des alentours pour signaler tout mouvement suspect. Nous, enfants, remarquions ces va-et-vient en ignorant parfaitement de quoi il retournait. Cependant, ces allées et venues nous inspirèrent un sentiment indéfinissable de peur, d’insécurité mais tout gardé sous silence olympien.
Six kilomètres était la distance entre mon domicile et l’école ; je parcourais quotidiennement ce trajet à dos d’âne avec mon père. Mais il arrivait souvent que nous rencontrions des soldats français – la légion étrangère – qui réquisitionnaient mon paternel pour l’obliger à transporter sur la bête de somme un lourd émetteur ou du matériel militaire. Dans ce cas, je devais continuer tout seul le chemin qui me restait à couvrir pour atteindre mon école (tout en pleurant le long du parcours).
TRAUMATISMES
Plusieurs fois, mon père ne rentra pas à la maison. L’inquiétude gagna toute la famille et nos tentatives pour savoir ce qu’il était devenu sont restées vaines. Ce n’est qu’au bout du troisième jour ou plus que nous saurions que mon père était détenu par la garnison de Souk El Ténine dotée d’une geôle appelée (Djellal) ou dans les amphores de Tourneux ( du nom du colon) exploitant les terres arables et fertiles d’AOKAS .
Notre inquiétude fut à son comble parce nous savions que mon père possédait une arme de point – un pistolet 9/75 – un souvenir de la guerre 1939/1945 dont il a fait les campagnes d’Italie (Mont Cassino entre autres) ; à ce titre, il était décoré de plusieurs médailles.
Cette Arme qu’un jour où il a été arrêté, de bon matin au lieu dit « BOUSSATER », j’ai dû la dissimuler dans ma musette qui faisait aussi bien office de cartable d’écolier et de garde manger (Galette), jusqu’au village de Souk-El-Tenine, pour la cacher dans un coin de son épicerie.
Mon père avait une qualité incontestable : le courage. Il avait fait montre de cette force morale à plusieurs reprises et dont je fus le témoin avec mes yeux d’enfant. Une nuit, le capitaine Mathieu commandant le poste militaire de Djellal (Souk El Ténine) décida de bombarder le douar de Timridjine en lançant une dizaine d’obus de 120 mm ; trois de ces projectiles semant la mort tombèrent à quelques mètres de notre vieille demeure. Une fumée âcre pénétra par le toit en « DISS » dans la pièce où nous étions réfugiés sur l’ordre de mon père qui ne cessa pas de nous rassurer en prononçant des paroles apaisantes.
- N’ayez pas peur, n’ayez pas peur ; restons juste groupés et ne bougeons pas ; tout cela va bientôt s’arrêter…
Les obus explosaient dans un bruit assourdissant en ébranlant les assisses des habitations. À leur impact, Ils pulvérisaient tout sur un rayon de plusieurs mètres. Les constructions étaient bien sollicitées et détruites pour celles touchées par ces obus, les champs brûlés, les arbres abattus… . Ce fut l’enfer ! Nos voisins, les Ait-Achour, ont vu leur plantation de pommes de terre complètement ravagée et le lendemain d’apprendre que l’un des maléfiques obus était tombé juste sur une poutre centrale d’une maison avoisinante des Ait Said- autrement dit Djouadi Said où était réfugiée la Famille de si Moussa yemrabtene (Derguini Moussa) ; blessant une fille et en tuant une autre.
Un jour, alors que nous suivions un cours d’arabe dans un gourbi érigé en école au lieudit l’Hanout, dans la cour des Ait-Balonne(Boudjadja), les guetteurs postés sur un promontoire qui dominait tout le paysage alentour, donnèrent l’alerte pour avertir de la présence de militaires français. Ce signal permettait aux djounouds ou aux recherchés de prendre les dispositions nécessaires pour faire face au danger.
Les enfants sortirent rapidement en petits groupes de l’école pour rejoindre leurs domiciles et se mettre ainsi à l’abri d’une attaque de la soldatesque française qui ne faisait aucune différence entre un adulte et un enfant, entre une femme et une fillette. En colonne d’infanterie, la troupe militaire arriva au lieudit M’Rah. A l’instant où j’atteignis le seuil de notre maison, qui se trouvait à 500 m en contrebas (Bouzermtène), qu’une pluie d’obus s’abattit autour de nous. Cette agression fut hélas fatale à notre camarade Essaïd Saadi qui fut touché mortellement au ventre par un éclat d’obus au moment où il tentait de traverser Ighzer d’I3ayadène (la rivière des Aidoune) pour rejoindre son foyer. Sa mère, n’écoutant que son courage, se précipita sur le blessé, le plaça sur son dos et courut en direction de la route nationale Alors n°5 ; malheureusement, à cause de l’horrible blessure qui lui avait extirpé les entrailles, son fils rendit l’âme avant d’arriver aux premiers soins.
Plus tard, en racontant ce douloureux épisode, la mère du chahid Essaid Saadi rapporta un fait extraordinaire qui relevait plutôt d’une hallucination que de la réalité. Pourtant, quand elle parla, sa voix était imprégnée d’une certitude absolue :
- « Quand je suis arrivée à l’endroit appelé El-Hammam, une diablesse accompagnée de ses petits accoururent vers nous pour s’abreuver du sang rouge et chaud qui coulait du corps comateux de mon fils ».
Les méfaits du colonialisme sont multiples et divers. Non seulement cette mère avait perdu un être cher dont la mort la faisait souffrir dans sa chair et dans son âme, mais elle a aussi perdu le sens de la réalité, si bien que son esprit inventait des images irréelles générées par une douleur profonde et indicible.
Des émotions et des chocs pendant la révolution algérienne, les enfants en avaient connus d’innombrables. Un jour, je me trouvais en compagnie de ma mère à deux kilomètres de notre domicile au lieudit Igher Ouguelid. Je me balançais sur une balançoire fabriquée à l’aide d’une grosse corde de « Diss » attachée aux branches d’un olivier pendant que ma mère coupait de l’herbe destinée à notre vache. A un moment du va-et-vient qui me transportait de part et d’autre de l’arbre me permettant de voir quasiment jusqu’à la route nationale, j’eus une sorte de vision qui fit se bondir mon cœur dans ma poitrine. Je n’en croyais pas mes yeux ! Du côté nord, en deux colonnes, une centaine de militaires français longeait le lit de l’oued Tivhirine en direction du sud ; du côté Est, au lieudit M’Rah, un groupe de mousseblines discutaient à haute voix sans se douter qu’une opération d’encerclement militaire de la région (Timridjine –Ferdjoune) était sur le point de se mettre en place. Les deux formations ennemies se trouvaient ainsi à environ deux cents mètres l’une de l’autre. De plus, un avion d’observation Piper survolait ce périmètre. Je sautais immédiatement de ma balançoire pour aller avertir ma mère de la situation. Celle-ci, abandonnant aussitôt son travail, alla prévenir les maquisards en joignant le geste à la parole :
- Taisez-vous, taisez-vous ! Vite, vite, mettez-vous à l’abri ! Une patrouille militaire est dans les environs à votre droite à « bouderdoure » !
Non loin de là se trouvait jadis un moulin à grains appartenant à la famille Ikhlef, au confluent de la rivière de Ti3chache et Taghanimte; cherchant probablement à se mettre à l’abri, un jeune homme de seize ans, ayant aperçu la troupe de soldats, voulut longer la rivière de Ti3chache pour s’enfuir. Mais c’était sans compter avec la vigilance d’un bidasse voltigeur qui vida tout un chargeur d’une Mat 49 sur lui en criant :
- Je l’ai eu, je l’ai eu !
Le jeune Aissat Abdellah (Frère de aissat Aissa) un rescapé de cette guerre horrible), âgé à peine de seize printemps, fut retrouvé mort, debout sous une petite chute d’eau formée par la rivière.
Un peu plus haut, c’est au tour de Zernoune Ali de recevoir en plein flanc une rafale d’arme automatique. Lui, s’en sortira et ne tirera sa révérence qu’en 2012, mais sans jamais arriver à faire valoir ses droits de moussebel.
Il faut dire que toutes ces scènes terrifiantes s’étaient déroulées devant mes yeux exorbités. Tout mon être était la proie d’une peur paralysante. Je regardais perpétrer de sang-froid ces crimes odieux tandis que dans ma tête une multitude de questions sans réponses s’entrechoquaient en ajoutant à mon angoisse l’incompréhension de cette guerre inégale où un simple tir ennemi supprimait une vie en endeuillant des familles et un peuple. Ma mère, dont le courage me rassura quelque peu, chargea l’herbe sur notre âne avant de prendre le chemin du retour « escortés » par l’avion d’observation jusqu’à la maison de Bouzermten.
Agrippés de chaque coté, à la charge du baudet, ma mère et moi marchions prudemment en évitant de faire des mouvements suspects susceptibles de donner l’occasion au pilote du Piper de nous « canarder ». Durant tout le petit trajet menant chez nous, qui me paraissait interminable, ma mère me répéta sans discontinuer :
- N’aie pas peur. Marche doucement sans regarder l’avion. Courage, la maison n’est pas loin.
Quelques 30 minutes plus tard, le vrombissement de l’appareil volant s’estompa de plus en plus jusqu’à disparaître complètement tandis que nous atteignions le seuil de notre demeure sains et saufs Dieu Merci !.
A Souk El Ténine centre existait une poste PTT dont le receveur français, répondant au nom de Chabot, remplissait également le rôle de facteur. De ce fait, il connaissait tout le monde et son attitude affable lui attira une grande popularité. Un lundi, jour de marché, nom éponyme de Souk El Ténine (signifiant « marché du lundi » en langue berbère), Chabot fut la cible d’un attentat commis par un militant de Boulezazène qui devait faire preuve de courage et d’engagement pour être accepté par l’armée révolutionnaire. Atteint au bassin, Chabot s’en sortit avec un séjour à l’hôpital de Bougie (actuel Franz Fanon) avant de reprendre ses activités quelques jours plus tard.
A
u marché, l’attentat avait jeté la panique parmi la population. Les gens fuyaient dans tous les sens. Aussitôt arrivés, les militaires placèrent un fusil mitrailleur 24/29 à proximité de la mosquée Djame3 Ouzekri et commencèrent à arroser de leurs balles assassines les civils fuyant: deux d’entre eux si ma mémoire ne m’a pas trahi tombèrent sous ses tirs de vindicte, près de l’oued Agrioune. Non contents d’avoir abattu des innocents, les soldats avaient traîné par les pieds les dépouilles mortelles jusqu’au centre du village pour les exposer aux citoyens.
De son côté, le sinistre et cruel Capitaine Mathieu, commandant du poste militaire de Djellal (Souk El Ténine), humilia tous les habitants sur la placette du centre en les obligeant à se mettre à genoux pendant quasiment une demie journée, les mains sur la tête. Le petit garçon que j’étais subit également cet outrage. On fouilla même le béret que je portais « de peur certainement d’y cacher une quelconque arme ».
Heureusement pour nous, le postier qui reprit connaissance déclara qu’il connaissait le tireur pour lui avoir à maintes reprises payé des mandats qu’il recevait de France. Le capitaine intima alors à tout le monde l’ordre de quitter illico presto les lieux, ce que chacun fit précipitamment sans demander son reste.
Il était écrit que je subirai encore d’autres épreuves qui, tout compte fait, raffermiront mon caractère en me faisant prendre conscience que la résistance est le seul moyen de venir à bout du colonialisme pour recouvrer la liberté spoliée des Algériens.
Une fois, un officier supérieur de Bougie ou d’ailleurs, vint à Souk El Ténine pour adresser un discours à la population. En cette circonstance, les écoliers furent conduits vers la placette décorée ( le champ des Bouchilaoune). Me trouvant au premier rang à cause de ma petite taille, ce fut à moi qu’échut l’ « honneur » de remplir le rôle de porte-drapeau tricolore français. L’instituteur nomméCardebas me remit l’emblème fixé à un joli manche en bois. Je pris l’objet et le jetai parterre. Fou de rage, l’enseignant me bouscula, me terrassa et me piétina avant de me remettre une nouvelle fois le drapeau. Tout en réprimant mes larmes, je récidivai en répétant mon premier geste. La correction ne tarda pas et je me retrouvai au sol sous les coups du soi-disant éducateur. Le manège allait se reproduire encore quand je vis les collègues de M. Cardebas faire des gestes à celui-ci pour me laisser tranquille. Ce jour-là, j’éprouvais une fierté sans borgne. La fierté d’avoir tenu tête à un adulte français, la fierté d’avoir mis à jour ma haine du drapeau tricolore, la fierté d’avoir défendu une dignité dont je ne connaissais pas encore la vraie valeur mais que mon esprit m’en donna conscience.
Une nuit de l’année 1959, je faillis perdre la vie quand une balle tirée par un fusil de marque Lebel 1886 - arme à répétition similaire en calibre à la kalachnikov actuelle - passa à deux millimètres de ma tête. En voici les circonstances : des Moudjahidine étaient entrain de dîner chez un certain Magoire, boucher et restaurateur de son état dont l’établissement était situé à une encablure de la guérite de sentinelle de la permanence militaire qui se trouvait, elle, à moins de deux cents de mètres de notre demeure.
Soudain, une fusillade éclata. Des balles perdues venant de la guérite se logèrent dans le mur (en planche) de notre maison (gourbit) . L’un de ces projectiles frôla mon cuir chevelu et alla, malheureusement, se loger dans l’épaule d’un enfant de neuf ans, ACHOURI Abderrahmane, qui avait fui les zones de combats pour venir se réfugier chez nous. Ironie du sort, les balles qu’il avait fuies l’ont rattrapé chez nous…
MOMENTS DE FIERTE
En effet, il m’est arrivé d’observer le passage d’une troupe de Moudjahidine, et à chaque fois les cheveux sur ma tête se dressaient en même temps qu’un frisson parcourant tout mon corps…. C’est tout simplement un sentiment Rare de fierté qui vient revigorer mon frêle et chétif corps..
Un jour rentrant seul de l’école sur mon quadrupède ( qui vit lui aussi les mêmes scènes que moi), arrivé au lieudit azghayene, je me trouve face à face avec un Djoundi habillé en militaire réglementaire armé d’une Mitraillette Chinoise montant la garde à l’extérieur de la maison de Djouadi Ahmed. Répondant par un regard arrière au bruit des sabots de mon âne qui s’avance nonchalamment sur le sentier caillouteux, je lui lance un salam ou âlikoum auquel il répond par un hochement de la tête. A entendre les chuchotements importants, C’était une compagnie de Djounoud qui a élu domicile dans la maison pour se restaurer. Jusqu’à ce jour je n’avais pas encore vu de Moudjahidine habillés et armés de la sorte. Et tant mieux ça en ajoute à ma fierté.
Des accrochages entre Moudjahid et militaires français ont lieu quelques fois, ils symbolisent « la détermination d’un peuple spolié de sa liberté, de ses richesses…c’est des actes qui revigorent notre fierté …..Mais les uns plus que les autres.
En effet des accrochages qui se sont déroulés dans la région de Souk-El-Tenine, celui de Lousta est des plus spectaculaires. Les djounoud se sont aventurés jusqu’à quelques encablures du PC de Djellal (sur les hauteurs de Souk-El-Tenine), commandé par le Sinistre Capitaine Matieu, un rescapé de la Guerre d’Indochine.
Echappant comme par miracle à toutes les embuscades dressées contre lui, les Moudjahiddines ont tenu à lui montrer la vraie valeur combattante des « Fellagas), qui sont venus l’inquiéter chez lui en montant une embuscade à quasiment 100 m de son PC.
A l’aube les balles commencèrent à siffler, et le combat dure toute la journée, et très dur, serré, obligeant un navire de guerre venir cracher ses feux sur les hauteurs de Souk-El-Tenine dans un bruit d’une stridence à crever les tympans.
LE PATRIOTISME D’UN GOSSE
Pendant la Révolution , je m’étais livré à plusieurs actes « patriotiques » pour aider les maquisards dans leur résistance, mais, bien entendu, activités en rapport avec mon âge et mes possibilités. C’était ainsi que j’avais dissimulé dans les buissons des denrées destinées à la restauration des patriotes, que j’avais informé les troupes révolutionnaires sur la position de l’armée ennemie ou d’un éventuel ratissage, Prendre la craie et autres brosses de l’école française à l’école coranique.
Un jour un Moussebel me croisant sur le chemin de l’école coranique où je me rends m’arrêta et me dit d’un ton autoritaire et quelque peu menaçant : « Dis toi !!! qui fréquente l’école française, je suis sûr que tu ramènes des informations à la France --- réunissant tout mon courage de gamin et tout mon sens de conviction dissimulant une peur indéfinie …. Je lui rétorque tout en le fixant sévèrement-- Non je n’ai pas fait cela et je ne le ferai pas ; je suis moi aussi un moussebel !!!! et je lui montre une brosse de tableau ; une boite de craie que j’ai subtilisées à l’école française »- Comme s’il était vraiment convaincu il me lance ---avec une certaine assurance visiblement hautaine – d’accord mais attention !!!! . » comme quoi il existe des codes de conduite qu’il ne faut pas transgresser et à qui « mieux mieux » de les faire appliquer les français ou nos compatriotes y compris en semant la peur et autres aléas et n’épargnant personne car même le gamin que j’étais y passe. Mais comme notre cause est la bonne ça se digère facilement parce qu’il y va de la vie de nos frères et de notre révolution.
Quant à moi, je remercie Dieu Qui m’a prêté vie jusqu’à ce jour pour me permettre de voir une Algérie libre pour laquelle j’ai consacré, à son service, après l’indépendance évidemment, quarante ans de mon existence.
Grâce à un peuple algérien uni et indivisible, la révolution a triomphé de l’oppression et du colonialisme. Soyons jaloux de notre liberté chèrement payée ; n’oublions pas les martyrs qui ont permis cette indépendance ; aimons-nous les uns les autres et construisons notre pays pour que les générations futures soient fières de leur passé glorieux.
HAMMA (HEMAT) Salah
Le Dico de Lem
A
ABRACADABRANT
Incroyable mi-vrai
AGNEAU
Bééébééé de la brebis
AMBITION
Désir de faire savoir son savoir-faire
AQUARIUM
Solide fragile
ARGENT
Métal précieux blanc très salissant
ATHEE
Personne croyant à l’incroyance
AULX
Pluriel très singulier
AVOCAT
Membre du Barreau qui vit par et pour les barreaux
B
BABA
Papa gâteau
BATTERIE
Grosse pile autour de laquelle on construit une voiture
BEAUTÉ
Une peau belle susceptible de ramasser de l’or dur
BEGAYER
Pa-parler a-avec di-diffi-difficulté
BELLE-MERE
Femme qui aime sa belle fille plus que sa belle-fille
BIGAME
Masculin qui s’accorde avec le féminin pluriel
BISTOURI
Instrument d’opération pour aller vers le calcul
BLOUSE
Vêtement à salir pour travailler proprement
BOXE
Sport où l’on peut voir beaucoup de beaux coups
C
CAFE
Breuvage au coût amer
CERCLE
Carré sans angle
CHAMPION
Être qui possède un tempérament de vingt cœurs
CHAMPION DECHU
L’ex ploie
CINEMA
Endroit sale, obscur
COLERE
Inflammation dont l’irritation peut entraîner une maladie appelée rage
CONDAMNE
Imbécile voué aux peines de l’enfer
CONSOMMATEUR
Client très marqué par les coûts de dettes
CORRUPTION
Moyen d’obtenir le superflu grâce au super flou
COQUETTE
Charmante et jolie belle femme toujours ravissante
D
DANCING
Un bal qui fait des beaux au pluriel
DEBITEUR
Personne qui ne sait plus où donner de la dette
DEPUTE
Élu pour lequel on a voté parce qu’il n’a pas fauté
DESERT
Mer sans eau
DIABLOTIN
Mâle et fils de Satan
DIVORCE
Interruption légale d’un mariage si vil
DROGUEE
Candidate au suicide comme dans un film stupéfiant où l’héroïne meurt d’une mort fine
E
EAU
Agent liquide
EAU DE VIE
Boisson qui rend ivre mort
ECHO
Retour à l’envoyeur du timbre par voie aérienne
EFFORT
Peine capitale
ELECTEUR
Personne qui entre dans l’isoloir pour sortir de l’isolement
ENFANT
Adulte qui n’est pas encore adolescent
ERUDIT
Personne qui sait qu’elle ne sait rien
ETENDARD
Drap beau
F
FACTEUR
Homme de lettres et de communication dont l’adresse lui vaut un nombreux courrier
FARCE
Blague qui fait un grand tabac
FEMME
Être qui trouve sa force dans sa faiblesse
FISC
Détecteur de mensonges
FOOTBALL
Sport qui se pratique avec des bas longs
FORT
Être qui n’Hercule devant rien
G
GENDRE
Malheureux qui a épousé la fille et l’amer
GÉNERIQUE
Chef de bande
GOMME
Matière qui s’efface en effaçant
GOUFFRE
Trou noir troublant
GROTTE
Endroit où l’on antre sans frapper
GUERRE :
L’alarme qui déclenche la larme
H
HARDI
Un brave courageux et intrépide dont l’audace relève de la témérité
HAREM
Cour où se réunissent les femmes d’un même homme.
Ce mot arabe se lit de droite à gauche
HOMME
Être malheureux parce qu’il croit être un mâle heureux.
HORLOGE
Appareil indiquant les heures et les minutes en quelques secondes
HULULEMENT
Cri chouette
I
IDEAL
Un parfait toujours imparfait
ILLUSIONNISTE
Personne qui force les autres à regarder sans voir
IMBROGLIO
Cent sens sans sens
INCOMPETENCE
Désorganisation des organisations
INTELLIGENT
Mâle adroit
J
JARDINIER
Homme de culture qui n’est pas une grosse légume
JOBARD
Crédule naïf très niais facile à rouler
JUMEAUX
Frères qui se ressemblent comme deux sœurs
J.T.
Journaliste télévisé
K
KIDNAPPING
Action des ravisseurs ravissant avec ravissement une ravissante pas du tout ravie
KIF-KIF
La même chose de la chose même
KIMONO
Vêtement pour un hobby qui se porte avec une obi
KLEPTOMANE
Personne qui aime voler dans les aires
L
LÂCHE
Soldat si vil
LANÇON
Plix que l’on exige poul délivler une pelsonne captive
LAPALISSADE
Vérité vraie dont l’évidence est sans aucun doute certaine
LIT
Couche servant à se réveiller
LOYAUTE
Qualité d’un caractère haut, net
LUNE
Planète éclairée la nuit par la pleine terre
M
MAGOUILLES
Les coups durs des coulisses
MAIRE
Magistrat qui connaît l’APC du métier
MARIAGE
Union qui fait la farce
MASOCHISTE
Personne qui souffre quand elle ne souffre pas
MEDECIN
Spécialiste dont le travail consiste à trouver les mets préférés du patient pour les lui interdire
MEMOIRE
Faculté qui permet de jeter l’oubli aux oubliettes
MERE
Être qu’on aime énormaman
MIROIR
Endroit secret où l’on peut réfléchir
N
NAISSANCE
Début d’un compte à rebours
NEANT
Endroit plein de vide
NOUVEAU-NE
Un couple de mots annonçant les maux d’un couple
O
OCULISTE
Amateur de lentilles qui gagne sa vie en travaillant à l’œil
ON
Personnel de service
OR
Etalon pouvant valoir plusieurs chevaux
P
PÂTES
Nourriture riche qui n’est pas chair
PAYSAN
Homme qui ne connaît pas le chômage grâce au chaumage
PELOUSE
Lieu fermé qui est tout vert
PEUPLIER
Arbre bien droit qui n’a jamais été un peu plié
PEUR
Mélange de chaud et d’effroi
PIE
Voleuse qui vole
POMPIER
Soldat sapeur et sans reproches
PROFITEUR
Homme qui vit aux dépens de celui qu’il égoutte
PUBLICITE
Moyen de faire marcher en roulant
Q
QUALITE
Attribut du sujet
QUAND
Date d’une période donnée où le moment arrive lorsque la minute annonce l’instant
QUIETUDE
Paix pour qui est quiet et pour qui est coi
QUINQUENNAL
Adjectif désignant un plan prévu pour cinq ans qui dure en général dix ans
QUITTANCE
Écrit prouvant que le débiteur a acquitté sa dette à sa date
R
RAMADHAN
Le début de la faim où l’on attend la fin du début
RAVAGEURS
Des gars qui font dégâts
RECULER
Avancer en arrière
S
SALAIRE
Traitement de choc pour atténuer la douleur de la faim du mois
SAVOIR-VIVRE
Convenances pour les uns et les hôtes
SŒUR
Frère de sexe faible
SERPENT
Animal dont la piqûre entraîne une mort sûre
T
TRAVAIL
Effort nuisible à cause du sale air qu’il produit
TERRE
Un grand des astres de l’univers
TRANSPIRATION
Sortie de sueur par les pores. Exemple : suer comme un porc
U
ULEMA
Érudit qui est au coran de tout
UNANIMITE
Oui clos
USINE
Assemblage de briques pour amasser des briques
USURE
Service qui sert vice et qui serre vis
V
VICTOIRE
Situation où défaite des uns occasionne des fêtes des autres
VIGNE
Plant qui se distingue par ses feuilles et cépage
VOITURE
Moyen de transport à chevaux
VOIE
Chemin de fer, rail
VÉRITÉ
Vérité : âme blanche susceptible de blesser
W
WAGON
Voiture qui n’est pas automobile
W.-C.
Cacabinet de toilettes
WESTERN
Triste époque des Indiens d’Amérique appelée Ouest terne
X
X
Inconnue dont on se plaint à cause de la multiplication de ses opérations
XENOPHILE
Personne qui aime les étranges hères
XERES
Vin blanc pouvant rendre gris et même noir
Y
YACHT
Navire de plaisance où l’on se paye du bon thon
YAOURT
Lait caillé indispensable pour l’écolier
YOGI
Indou devenu un dur
YOUYOU
Cri qui monte dans les airs grâce à des battements d’elles
Z
ZEZAIEMENT
Défaut d’une personne dont la prononciation n’est pas zuste
ZINC
Petit bar qui n’est pas un bar beau
ZORRO
Héros masqué qui démasque
Lem
Interview (presque) imaginaire
Inter… NIET
Lem
KHERRATA : HOMMAGE AU MAÎTRE D’ÉCOLE
En cette rentrée des classes, notre pensée va vers notre ancien instituteur dont le souvenir demeure impérissable dans nos esprits et dans nos cœurs.
A Kherrata, dans les années cinquante, le directeur de notre école fut monsieur Challal Djoudi, un Algérien kabyle dont la nomination à ce poste éveillait chez la population indigène une certaine fierté.
Pour nous, ses anciens élèves, à présent sexagénaires, pères de familles et anciens cadres pour la plupart, Monsieur Challal n’est pas sans rappeler irrésistiblement celles de Mouloud Feraoun et de Mouloud Mammeri car, assurément, notre maître avait l’envergure intellectuelle de ces deux humanistes immortels.
Sous sa férule, une férule imprégnée de pédagogie, de morale et de civisme, nous avons été façonnés pour devenir « les hommes de demain » comme notre maître se plaisait à le répéter souvent ; ces hommes qui prendraient en charge les destinées du pays, car, déjà, monsieur Challal savait : il savait que l’indépendance de l’Algérie était incontournable et que l’école et le savoir constituaient les éléments les plus importants sur l’échiquier du devenir de la Nation.
Monsieur Challal était instituteur, bien sûr, mais il était aussi le confident des élèves, le conseiller des parents, le sage du village… Sa présence réconfortait, ses paroles rassuraient, son dévouement stimulait…
Monsieur Challal, en sa qualité de directeur, était chargé de l’instruction des grandes classes, en l’occurrence le Cours fin d’Études (C.F.E.). Peut-être était-ce sa bonhomie rassurante, son appartenance à la culture berbère — ou parce que c’était le père de notre camarade de classe Bachir – en tout cas, nous étions unanimes pour dire que « Monsieur Challal était le meilleur maître que nous ayons eu ». Et pourtant, les instituteurs précédents n’étaient pas incompétents, loin s’en faut !
Oui, monsieur Challal avait des méthodes pédagogiques infaillibles pour rendre claire la plus alambiquée des leçons. Avec lui, le subjonctif passé se conjuguait aussi facilement que le présent de l’indicatif ; l’accord du participe passé ne faisait plus l’objet de confusions ; les règles complexes de l’orthographe d’usage et grammaticale devenaient aussi limpides que l’eau de roche ; la mémorisation des dates historiques relevait d’un simple jeu ; avec monsieur Challal, les mots étaient vivants, les phrases joyeuses, les paragraphes guillerets, les textes éternels…
Et, en calcul, on trouvait presque du plaisir à trouver la seconde précise à laquelle un train, mesurant tant de mètres, roulant à tant km/heure, ayant démarré de telle ville à telle heure, sortira d’un tunnel mesurant tant de mètres, se trouvant à tant de kilomètres de la ville de départ...
À propos de problème, je me souviens d’une séance de calcul mental où l’intelligence latente de notre camarade Mohamed nous fut révélée d’une manière spectaculaire.
Le calcul mental était un exercice très rapide. On disposait seulement de cinq secondes pour réfléchir et répondre, sur les ardoises, à la question qui était toujours une véritable colle. Ce jour-là, l’énoncé de l’exercice s’articulait comme suit :
« Une planche mesure un mètre de longueur. On la coupe en trois coups de scie de façon à obtenir des tronçons de bois égaux. Quelle est la longueur de chaque tronçon ? »
A la fin des cinq secondes, toutes les ardoises affichaient le même résultat : 33,33 cm. Sauf celle de Mohamed qui indiquait : 25 cm. Toute la classe éclata de rire. Mais la voix grave et quelque peu moqueuse de monsieur Challal nous rappela à l’ordre :
« Attention, rira bien qui rira le dernier ! »
Puis, il poursuivit lentement en martelant chaque syllabe :
« Seul -Mo-ha-med-a-trou-vé-la-bon-ne-ré-ponse ! »
À ces paroles, notre esprit s’éclaira subitement : le système des intervalles ! Eh oui, les trois coups de scie fractionnaient la planche en quatre tronçons et non en trois comme nous l’avions tous pensé précipitamment et stupidement !
Par cette prouesse mathématique, Mohamed força l’admiration de toute la classe.
Merci, cher maître ! Merci de nous avoir appris à conduire nos pensées en ordre, à rester lucides en toute circonstance.
Merci pour ces maîtres mots que vous nous avez légués : observation, réflexion, conclusion…
Rassurez-vous cher instituteur, les graines que vous avez semées n’en finissent pas de mûrir.
Reposez en paix, cher maître !
Certes, votre corps a disparu pour toujours, mais votre image et votre aura resteront à jamais vivantes dans nos souvenirs !
Lem
AZOUL, ALGÉRIE…
Papa, qui suis-je ?
Comment ça ? Pourquoi cette question ?
J’entends souvent que nous sommes des arabes, et j’en oublie même que je suis Algérien.
Tu sais, mon fils, ce sont les ancêtres qui déterminent l’appartenance à une ethnie, à une race.
Mais comment le savoir ?
Eh bien, écoute, avant notre indépendance, les Français ont occupé notre pays pendant 132 ans, et…
Ah ! Tu veux dire que je suis Français ?
Non, mon fils, tu n’es pas Français, parce qu’avant les Français notre pays a été occupé par les Turcs pendant 312 ans.
Alors, je suis Turc ?
Non, mon fils, tu n’es pas Turc, parce qu’avant les Turcs, il y a eu la conquête arabe et notre pays a été occupé pendant plus de huit siècles.
Ah ! Nous y voilà, je suis bien arabe.
Non, mon fils, tu n’es pas Arabe, parce qu’avant les Arabes, les Byzantins ont accaparé notre territoire pendant 133 ans.
Quoi ? Tu veux dire que je suis Byzantin ?
Non, mon fils, tu n’es pas Byzantin, parce qu’avant les Byzantins, il y avait les vandales et les Romains…
Vandale, Romain, je suis tout cela ?
Non, mon fils, tu n’es ni Vandale, ni Romain, parce qu’avant toutes ces occupations il y avait les Amazighs.
Les Amazighs ? Et avant eux, quel envahisseur vas-tu me sortir encore ?
Aucun, mon fils, les Amazighs sont les premiers occupants de cette belle contrée, et ils y vivaient en hommes libres dans notre pays. Dès la plus haute Antiquité, l'Algérie fut le berceau d’une civilisation berbère.
Je suis donc et enfin un Amazigh, papa ?
Oui, mon fils, parce les Amazighs sont tes ancêtres. Et maintenant que tu connais tes origines, rien ne t’empêche d’être un citoyen du monde et d’œuvrer pour le bien de l’humanité et de la planète. Les habitants d’un pays comme le nôtre doivent se donner la main pour prendre soin de la nationalité et éviter ainsi qu’elle ne devienne un jour une nation alitée… As-tu compris, mon fils ?
Oui, papa, tout est clair puisque tu viens de me parler dans ma langue maternelle qui ne me demande aucun effort de compréhension.
Tu vois, mon fils, et pourtant il y a des compatriotes qui veulent passer par un référendum pour t’autoriser ou non à comprendre…
Quoi ? Je ne comprends déjà pas ce que tu veux dire…
Moi aussi, mon fils, je ne comprends pas ce que comprennent ceux qui ne nous comprennent pas.
Papa, grâce à toi je suis vraiment bien content d’avoir retrouvé mon algérianité, et rien ni personne ne pourra m’en dessaisir.
Pour cela, mon fils, apprends l’Histoire, et méfie-toi des histoires…
Lem
HOMMAGE
ABDENOUR AOUGHLIS,
OU LE DEVOUEMENT ABSOLU
Il est comme ça des êtres qui ont quitté ce bas monde sans jamais vraiment disparaître des cœurs des hommes. Car leur abnégation et leur générosité les ont rendus impérissables. Car leur altruisme et leur don de soi les ont rendus inoubliables. Par leurs actes de bonté et leur enthousiasme débordant, ils ont atteint l’apothéose, voire l’immortalité…
Le regretté Aoughlis Abdenour, professeur d’éducation physique et ancien manager du MO Béjaia a trouvé la mort dans un accident de la circulation dans la nuit du mercredi 15 au 16 août 2007 au niveau de la RN12 à Béjaia.
Né à Amizour, Aoughlis Abdenour a passé plus de la moitié de son existence à Aokas où il a exercé le métier de professeur d’EPS pendant plus de trois décennies. Ici, ceux qui l’ont connu ne tarissent pas d’éloges à son égard. Son sens pointu de l’organisation et son dévouement à la cause juvénile ont fait de cet homme infatigable un dirigeant incontournable dans tous les événements sportifs de la wilaya de Béjaia.
À Aokas, ou dans sa commune natale, ou dans les milieux sportifs de la wilaya, nul besoin de citer son nom pour le désigner ; son prénom suffit. En effet, qui ne connait pas Abdenour ? Qui n’a pas reçu l’aide efficace de cet homme à l’énergie indomptable ? Qui n’est pas resté admiratif devant le déploiement de dynamisme et de savoir-faire de ce personnage remarquable ? Oui, avec son don d’ubiquité - il était omniprésent dans toutes les manifestations sportives - tout le monde connaît Abdenour ; de Amizour à Tazmalt, de Kherrata à Adekar. Et cette foule immense venue de tous les coins de la wilaya de Béjaia pour assister à son enterrement lui a rendu un témoignage mérité de respect, de reconnaissance et d’admiration.
Cela paraît singulier de parler de Abdenour au passé, lui qui était toujours présent en tout lieu. En réalité, il est toujours présent dans les cœurs de ses proches, de ces amis et de son entourage. Cela ne peut pas être autrement, car chaque personne qui a côtoyé Abdenour est redevable à sa grandeur d’âme, de près ou de loin, d’une générosité, d’une gentillesse, d’une prévenance…
Aoughlis Abdenour, un exemple pour le commun des mortels ? S’il entendait cette déclaration, sa modestie en prendrait assurément un sacré coup. Car Abdenour était un homme simple, même si ses actions furent auréolées de lumière comme son prénom prédestiné l’indique : Abd… Nour.
Lem
SOUK EL TENINE
AMITIÉ… ET LES CAMARADES RIENT
« Un ami… rien n’est commun que le nom, rien n’est plus rare que la chose » (Jean de La Fontaine).
A Souk El Ténine (wilaya de Béjaia) vit un couple quinquagénaire d’amis de tous les instants qualifiés par leur entourage d’inséparables - à l’instar des psittacidés du même nom - ou, parfois, de frères siamois.
En effet, ces deux compères ne se quittent pratiquement pas durant toute la journée. Quand on rencontre Mustapha, on est sûr de le voir escorté par son alter ego Hocine ; et quand on croise Hocine, on est certain de voir aussitôt apparaître Mustapha.
Ce qui caractérise ces deux potes, c’est la mine réjouie qu’ils affichent en toutes circonstances. Et, où qu’ils aillent, ces deux gais lurons se déplacent toujours ensemble ; au marché, en ville, à la plage…vous ne les verrez jamais l’un sans l’autre. On ne serait pas étonné de les voir dans une cafétéria ou dans un restaurant prendre un café dans la même tasse ou manger dans la même assiette.
Dans les manifestations sportives régionales ou nationales, notamment les semi-marathons, auxquelles ils participent assidûment, ils courent à la même hauteur, au même rythme, sans dépasser l’autre. Peu importe leur classement, l’essentiel est de terminer le parcours et de franchir la ligne d’arrivée… ensemble, le sourire aux lèvres et les yeux pétillants de la satisfaction suprême d’avoir encore une fois prouvé leurs attachements.
Deux fois par semaine, ils se retrouvent avec nombre de coureurs dans une plaine non loin de la ville où ils s’entraînent en effectuant des footings à la même allure, avec le même sourire, la même attitude qui forcent l’admiration des autres sportifs.
Seules leurs fonctions respectives ont réussi à les séparer pendant les horaires de travail. Mais pas forcément, car le téléphone est là pour suppléer cet éloignement temporaire.
Belle marque d’affection par les temps courts qui courent où l’indifférence vis-à-vis de son semblable est devenue une règle au mépris de la morale ; où « après moi le déluge » est le principe égoïste répandu ; où l’amour de la haine est érigée en crédo…
Pourtant, être bon, humble et joyeux est à la portée de tout un chacun ; il suffit de vouloir pour avoir ce pouvoir…
On devrait prendre de la graine de cette leçon d’amitié de ces deux bons camarades. Mustapha et Hocine, potes dans la vie, potes au paradis. Au fait, la dernière syllabe du prénom Hocine est « cine » qui signifie en berbère « deux ». Sans commentaire.
Lem
ÊTRE OU PARAÎTRE, LASSE EST LA QUESTION
(Conseils d’un père à son fils)
Ne mens pas, mon fils, c'est mal.
Mais, papa, tout le monde ment aujourd'hui. Je le vois même dans… mon songe.
Ne vole pas, mon fils, ce n'est pas bien.
Mais, papa, comment faire donc pour atteindre les hautes sphères sans voler ?
Il faut aimer ton prochain, mon fils, et l'assister en toute circonstance.
Mais, papa, sais-tu qu'il y a trop de prochains et tellement de circonstances ? Tu dis toi-même qu'on ne sait plus où donner de la… dette !
Il faut bien travailler à l'école, il y va de ton avenir, mon fils.
Mais, papa, à l'école il n'y a que les colles. Quant au reste, il n'y a que les restes. On y va pour apprendre l'écrit, et on ne récolte que les cris.
Il faut respecter les biens publics et l'environnement, mon fils, c'est le devoir de tout citoyen qui se respecte.
Mais, papa, les devoirs j'en fais tous les jours et tous les soirs. Pour le reste, ce n'est pas ma faute si la ville est devenue la vile, si les bonnes habitudes ne persévèrent pas, et si la campagne perd ses verts !
Il ne faut jamais faire de faux témoignages, mon fils, c'est un péché.
Mais papa, aujourd'hui il y a tellement de faux témoignages qu'il faut, à mon avis, faire un faux témoignage contre le faux témoignage pour avoir conscience qu'on a fait un bon témoignage.
Il ne faut jamais s'abandonner à la colère, mon fils, c'est une mauvaise conseillère.
Mais papa, comment faire dans un milieu où le centre de gravité est justement la colère ? Si bien que les gens qui se croisent se lancent en guise de politesse : « Alors, comment « t'emportes-tu » aujourd'hui ? »
Il faut être propre et honnête, mon fils, et éviter de nager dans l'eau trouble.
Je sais, papa, qu'il faut s'éloigner de l'eau sale et de… l'opprobre, mais comment faire quand autour de soi il n'y a que de la propreté sale répandue par les Huns et les hôtes ?
Mon fils, suis mes conseils qui sont les conseils de tes ancêtres qui les détenaient de leurs pères. Suis mes conseils, mon fils, et tu vivras heureux sur ce sol qui est tien et celui des tiens. Si tu le peux, sois bon et juste, sinon sois juste bon.
Oui, papa, je te suis et suivrai tes conseils. Tu veux dire que pour exister, il faut être ? Et que moi, j'existe parce je ne suis pas ce qu'il ne faut pas suivre. Et suivre ce qu'il ne faut pas n'est pas le but de celui que je suis. Et celui que je suis, suis celui que je veux être, c'est-à-dire toi, papa, toi que je suis et que je suivrai tant que je suis.
Lem
CHEMINI
Hocine KERBOUB,
ou une vie au service des autres…
La semaine dernière, tout Chemini, ou Azru n’Chemini, commune située à 60 km au sud-est de Béjaia, a rendu un grand hommage à un homme qui a marqué le souvenir des habitants de cette localité par son dévouement dans tout ce qu’il entreprenait en faveur des autres, notamment la jeunesse.
Les associations citoyennes, à leur tête MM le chef de daïra et le président de l’APC (dont, une fois n’est pas coutume, nous soulignons, ici, une popularité bénéfique) ont mis les bouchées doubles pour offrir à ce personnage remarquable un témoignage à sa juste valeur.
En son nom donc, un semi-marathon a été organisé qui a vu la participation de toutes les catégories (de 7 à 77 ans) et des associations sportives de Oued-Amizour, d’Aokas et des environs invitées à rehausser de leurs présences cet événement. A cette occasion, le public et les invités ont été agréablement surpris par la maîtrise de l’organisation générale par une jeune fille répondant au prénom de Oumelkheir qui était sur tous les fronts : accueil, inscriptions, départs et arrivées des courses, remises des prix… Et tout cela, s’il vous plaît, avec un sourire sympathique et permanent et des propos empreints humour bien de chez nous. Merci sœur algérienne.
D’ailleurs, le doyen de la course, Khaled Lemnouer, 67 ans, a tenu à souligner l’accueil aimable et enthousiaste réservé à tous les participants par les habitants de Chemini, hospitalité qui est, au-delà des récompenses offertes, le plus beau cadeau qui demeurera longtemps dans les mémoires. Merci frères algériens.
Mais qui est cet être exceptionnel dont tout Chemini garde une image éternelle ? Hocine Kerboub, dit Tarzan pour sa silhouette de bel athlète, est né le 10 janvier 1963. Il arriva à Chemini en 1986, à l’âge de 23 ans, pour y enseigner dans un lycée. Forçant le respect par ses actions pédagogiques et humanistes, le tout agrémenté de réflexions teintées d’un humour très apprécié, il fut adopté par toute la ville en peu de temps. Sa générosité et sa simplicité conquirent d’emblée tous ceux qui l’approchaient. « Quand on rencontrait Hocine, on oubliait ses rendez-vous », disait l’un de ses camarades.
Le 21 août 2011, sur la route de Boulimat, un accident, un drame, la Faucheuse… Hocine y trouva la mort et partit en laissant derrière lui toute une vie remplie de bienfaits, d’abnégation totale, noble et courageuse, sacrifice volontaire consenti pour venir en aide à ses semblables.
Sans nul doute, Hocine Kerboub est maintenant assis à la droite du Seigneur. Une place qu’il mérite amplement…
Lem