Kherrata, Mariage et cérémonie du henné
Dans
certaines familles de Kherrata, cette coutume se déroule de façon ludique.
Voici comment : au milieu de la grande cour, les femmes sont rassemblées
en arc. Dehors, des hommes accroupis et dissimulés sous un burnous ample
imitent la marche du canard en s’avançant jusqu’au demi-cercle formé par les
dames.
Là,
ils font apparaître sous le grand manteau de laine une rangée de mains droites
que la tante la plus âgée doit examiner une à une en vue de découvrir celle qui
appartient au nouveau marié. Lorsque la vieille parente déclare avoir
formellement reconnu la main de l’heureux élu qu’elle gardera dans la sienne,
les hommes se dévoilent aussitôt pour infirmer ou confirmer le résultat.
En
cas d’insuccès, les femmes sont tenues alors de s’acquitter d’un gage sous
forme d’espèces sonnantes et trébuchantes qu’un représentant désigné à l’avance
— généralement un cousin – est chargé de ramasser.
Les
échecs répétés de « l’investigatrice » ne manquent pas de déclencher
des moments d’hilarité mémorables. Cependant, afin de remplir la cagnotte du
jeune marié, les hommes n’hésiteront pas à tricher. Leur subterfuge se
manifestera de deux manières : sous le burnous, le marié sera absent ou,
s’il faisait partie du groupe, il ne sortirait pas sa main. De ce fait, les
femmes seront d’avance perdantes et la collecte des fonds intéressante.
Quand
la vieille tante s’emparera enfin de la bonne main, la victoire tant attendue
sera saluée par une formidable explosion de youyous et d’exclamations de joie.
La cérémonie du henné pourra alors commencer : assis côte à côte, les deux
jeunes époux tendront leurs mains droites que la brave vieille femme fatiguée,
mais heureuse, enduira de cette substance colorante rouge en entonnant un chant
langoureux vantant les vertus du mariage. De temps à autre, des youyous
entrecouperont cette longue et émouvante litanie.
Les
époux vivront heureux et auront beaucoup d’enfants…